Ehpad, Marpa, Mapad, Gir, Lvc, Msp… autant d’acronymes confus qui illustrent bien les détours et précautions prises pour évoquer une partie de la population ; celle définie par une condition devenue tabou : la vieillesse. Il n’en a pourtant pas toujours été ainsi et cette situation où, ceux que l’on catégorise par seniors, sont volontairement ou non mis en retrait, est absurde à l’échelle d’une société.
En effet, si l’expérience, elle-même transmise par la mémoire, fonde la capacité d’adaptation de l’être humain, comment juger d’une société qui, engagée dans des mutations rapides et brutales, n’intègre pas de façon structurelle ceux qui portent cette mémoire ?
Nous proposons de réintégrer cette mémoire perdue dans un projet d’habitat collectif : l’édification d’un petit morceau de ville où sont étudiés et mis en scène des dispositifs spatiaux concrets permettant de faire ville aujourd’hui et pendant la durée de toute une vie. L’intégration de toutes les parties d’une société, illustrée sous le prisme de sa population âgée, où la mémoire devenue vive rend possible un avenir. Un tel lieu est nécessairement adaptable, c’est-à-dire pouvant à la fois accueillir l’ensemble des éléments de la vie quotidienne dans toutes leurs diversités, mais aussi être capable de mutations propres à accompagner les changements d’une société en mouvement. Cette double condition se déploie à trois échelles dans le projet : urbaine, domestique et sociale.