
Modifier sans changer.
Le projet de la maison Taquin est presque un sujet d’école. Transformer une vaste maison en deux logements pour deux couples de graphistes. Le tout avec un budget très serré.
La maison d’origine, construite dans les années 50 était une maison cossue, avec des pièces aux formes génériques, de larges fenêtres, et surtout de très beaux revêtements de sol en marbre, terrazzo et grès. La géométrie des pièces ne correspondant plus au besoin des nouveaux occupants, une partie des cloisons a été découpée, et la partition a été reformulée.
Les stigmates de ces transformations sont soulignés par un nouveau matériau, un carrelage bleu pâle de 5x5cm, appliqué comme une rustine soignée, témoin des relations entre ancien et nouveau, le tout dans la continuité.
Dans le même soin d’économie, les cloisons d’origine étaient en brique plâtrière. Le coût des nombreuses saignées nécessaires à l’intégration des réseaux ne permettait pas d’apporter l’évolutivité nécessaire aux besoins professionnels des propriétaires. Les nouveaux réseaux d’eau, d’alimentation électriques et de chauffage sont apparents, et constituent une sorte de sculpture rampante sur les murs et plafonds.
La nouvelle partition de l’espace provoque des glissements et des superpositions de fonctions. Le lavabo bleu lagon de l’ancienne salle d’eau trône au milieu de la cuisine / salon de musique / bureau. Le lave-linge buanderie communique directement sur les chambres. Le bureau et la cuisine sont séparés d’un meuble multifonction.
La palette de couleur des murs, définie par les graphistes, témoigne de leur propre travail, un peu à la façon d’une carte chromatique écrite à 10 mains.
Quelques années plus tard, l'agence Trames a réalisé l'aménagement du rez-de-chaussée du deuxième logement, prolongeant en même temps le cadavre exquis du projet.
Crédits photos : Antoine Espinasseau