
Le projet du Palais So-Ho participe à la reconquête tertiaire du centre ancien de La Rochelle, en transformant un immeuble sur arcades en trois logements accompagnés de trois espaces de travails, articulés autour d’un escalier commun et d’une cour intérieure. Le Small Office Home Office (So-Ho), associe au sein du même immeuble logement et bureau. Ce modèle, développé dans des programmes neufs au Japon au début des années 2000, voit dans le projet du Palais So-Ho la première application dans le cadre de transformation d’un immeuble ancien. L’immeuble, construit sur plusieurs strates historiques avait perdu sa partition originelle. Le projet, a donc imaginé un plan fantasmé du XVIIIème, fait d’enfilades, et a étiré la perspective classique des trois fenêtres sur la rue jusqu’à l’intérieur du bâtiment et la cour. La distribution des logements, permet d’apporter de la lumière, directe ou en second jour, à l’ensemble des pièces.
La dimension écologique du Palais So-Ho est invisible, puisqu’elle repose sur du low-tech. La principale force de l’empreinte carbone du projet tient dans la mutabilité d’une architecture de pierre et de bois présente depuis plusieurs centaines d’années. L’ossature du bâtiment a été préservée, renforcée, avec une intervention pointilliste, de remplacement ponctuel de pierres fragilisés, de chaînages renforcés, et de charpente consolidée. Les menuiseries extérieures sont réalisées en bois du Limousin, les parquets en chêne. La première écologie est celle des déchets non produits. L’écologie sociale est la deuxième notion invisible de ce projet. En effet, à travers la transformation d’un bâtiment ancien, les techniques convoquent un réseau de compagnons et de préservation de savoir-faire. Qu’il s’agisse de taille de pierre, de menuiseries, de charpente, de couverture, de ravalement de façade, le palais So-Ho entretient des savoirs artisanaux, et donc un pan de la culture constructive locale qui, sans ce type de projet, risquerait de disparaître.
L’écologie d’usage enfin, liée au choix programmatique du bâtiment. Habiter et travailler à quelques mètres permet d’éviter des mobilités quotidiennes. En activant des micro-déplacements, ce dispositif, s’il est démultiplié à grande échelle, réduit l’engorgement des déplacements urbains, et réinvente la cartographie des offres de services et de mobilités.
Crédits photo : Antoine Espinasseau