Maison JM Malmousque

Ce pourrait être le pays d’Homère, puisque la rue porte son nom, mais les couleurs des façades forment des tableaux bariolés qui rappellent Barcelone plutôt que Santorin ! Nous sommes au cœur de Malmousque, à quelques mètres de la corniche Kennedy et d’une anse anciennement occupée par les pêcheurs, un quartier de villas cossues et de cabanons minuscules. Dans ce joyeux bazar, il y a de véritables maisons qui ont grandi dans l’équité d’une juste distribution des pièces. Si la mer venait mouiller le pas de leur porte, la maison de Charlotte et Malika pourrait ressembler aux modestes maisons de pêcheurs de Cadaqués. Son toit terrasse est recouvert d’un platelage en bois exotique ouvrant au large vers les îles de la rade de Marseille. On y grimpe par un escalier en colimaçon auquel s’agrippe un rosier. Le balcon et son bastingage rappellent les lignes de la villa E-1027 d’Eileen Gray à Roquebrune-Cap-Martin. Car, le bâti d’origine était naturellement moderniste et fonctionnel. L’architecte a laissé les deux chambres et les deux bureaux à leur emplacement initial : ils partagent l’espace de façon totalement équitable entre les deux personnes qui y vivent. Les salles de bain sont astucieusement rénovées et habillées de teintes sable et chaudes. C’est dans la pièce à vivre que l’architecte a fait sa révolution ! Abattant les petites cloisons et un mur porteur, l’architecte a aménagé un espace multifonctionnel généreux : cuisine - salon - salle de musique, tout se tient dans l’harmonie et la fraîcheur du grand acacia. Ses 50 m2 se déploient face à un jardin qui en fait le double. Une grande terrasse en travertin donne sur un parterre de graminées et de plantes méditerranéennes parcimonieuses en eau. Au fond du jardin, le mur de la maison voisine est traité par un badigeon de chaux. En été, on y projette des films et c’est le monde entier qui entre dans la maison. Pendant que là-haut, sur le toit de la maison, on partage le ciel avec les gabions, les oiseaux migrateurs et Rimbaud :
« J’ai vu des archipels sidéraux ! et des îles
Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur :
– Est-ce en ces nuits sans fonds que tu dors et t’exiles,
Million d’oiseaux d’or, ô future Vigueur ? »