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En publiant le 31 août dernier la Déclaration d’Édimbourg sur « l’élaboration du Cadre mondial de la biodiversité pour l’après-2020 », des autorités régionales, locales et des villes du monde entier (Québec, Suède, Ecosse, Bonn, Pays de Galles, Aichi….) appellent leurs pairs à les rejoindre pour prendre toutes les mesures permettant d’enrayer la perte de biodiversité. Les villes françaises sont invitées à signer cette déclaration pour la biodiversité.
La Convention sur la diversité biologique, un traité international pour un avenir durable
Face à la perte rapide de biodiversité et la reconnaissance de son rôle important pour l’humanité, les Nations Unies avaient adopté, lors du « Sommet de la Terre » à Rio en 1992, la Convention sur la diversité biologique (CDB). Ce traité international définit trois objectifs principaux : la conservation et l’utilisation durables de la biodiversité, ainsi que le partage juste et équitable des bénéfices découlant de l’utilisation des ressources génétiques.
En 2010, les Etats membres de la CDB, dont la France, s’étaient engagés à respecter les Objectifs d’Aichi pour la biodiversité, vingt objectifs ambitieux qui ont été directement intégrés dans les cibles des Objectifs de Développement Durable (ODD). Mais dans son 5ème rapport sur les Perspectives mondiales de la diversité biologique (GBO-5) publié en septembre 2020, la Convention a déclaré qu’aucun de ces objectifs n’avait été pleinement atteint à l’échéance 2020. L’évaluation au niveau mondial révèle notamment que six d’entre eux ont été en partie réalisés. Au niveau national, les Etats ont accompli des progrès mais à des niveaux insuffisants dans l’ensemble pour réaliser les Objectifs d’Aichi, avec en moyenne seulement un tiers de leurs objectifs en voie d’être réalisés (34%).
Malgré le caractère limité des progrès accomplis dans la réalisation des objectifs pour la biodiversité, le rapport souligne certaines mesures prises pour réduire la pression exercée sur la biodiversité. Par exemple, la déforestation au niveau mondial a décru d’un tiers entre 2000 et 2020, et la surface des aires protégées a augmenté d’environ 10% à 15% dans les zones terrestres. La protection des « zones clés pour la biodiversité » a aussi augmenté de 29% à 43% pendant la même période.
Néanmoins, en poursuivant leur trajectoire actuelle, « la biodiversité et les services qu’elle fournit continueront leur déclin » alerte l’ONU, « jusqu’en 2050 et au-delà », en conséquence des nombreux facteurs de pression causant la perte de biodiversité (changement d’affectation des terres, surexploitation, pollution, etc.). Alors que le contexte est préoccupant, l’ONU précise qu’il est encore possible de « ralentir, arrêter et inverser la tendance » d’ici 2050.
Les Etats sont appelés à amplifier leurs efforts pour mieux prendre en compte la valeur de la biodiversité, restaurer les écosystèmes et réduire l’impact négatif des activités humaines, pour atteindre les objectifs à l’horizon 2050. En outre, les questions de biodiversité se doivent d’être appréhendées « au moyen d’approches qui dépendront du contexte local » précise l’ONU. Plus largement, les transitions attendues étant considérables et interdépendantes, tous les acteurs devront être mobilisés, à tous les niveaux et dans tous les secteurs. Sinon, « même les efforts les plus intensifs » pris séparément dans chacun des domaines ne réussiront pas à « fléchir la courbe ».
Face à ce constat d’échec, malgré certaines avancées, l’ONU appelle à une prise de conscience et une ambition « beaucoup plus grande » des Etats pour, simultanément, lutter contre la perte de biodiversité, limiter le dérèglement climatique et atteindre d’autres objectifs, notamment l’amélioration de la santé et de la sécurité alimentaire. Un appel entendu par certains.
Les gouvernements locaux s’accordent sur une déclaration internationale pour lutter contre la perte de biodiversité
Préoccupés par l’ampleur de la crise sur la biodiversité et constatant que les engagements pris pour la préserver n’ont pas été respectés, des gouvernements locaux et infranationaux du monde entier ont publié la Déclaration d’Edimbourg pour demander à la Convention sur la Diversité Biologique (CDB) de « prendre des mesures fortes et audacieuses » à horizon 2030 pour sauvegarder la biodiversité.
Dirigée par le gouvernement écossais, cette déclaration est le résultat d’une collaboration d’un an entre des gouvernements infranationaux, des villes et autorités locales pour les informer des progrès accomplis dans l’élaboration du Cadre mondial de la biodiversité pour l’après 2020 ; pour recueillir leurs avis et les intégrer dans le processus de la CDB ; et pour demander un nouveau plan d’action renforcé de la CDB sur « les gouvernements infranationaux, les villes et autres autorités locales », qui sera adopté lors de la COP 15. (Prévue initialement en octobre 2020, la 15e conférence des parties signataires de la Convention sur la diversité biologique a été reportée en mai 2021, à Kunming en Chine).
Cette déclaration rappelle que, à leur échelle d’action, les gouvernements infranationaux, locaux et régionaux peuvent contribuer fortement à la mise en œuvre d’actions visant à lutter contre la perte de biodiversité et aider ainsi les gouvernements nationaux à atteindre les objectifs de la Convention. Ils sont en effet « en mesure d’apporter une influence et une expertise spécifique à leurs homologues nationaux », tout en étant plus proches des différents acteurs locaux, que ce soient les décideurs ou les acteurs de protection de l’environnement et les ONG.
Au-delà de continuer à promouvoir l’intérêt de la biodiversité, il est nécessaire de prévoir la convergence des politiques et programmes, ainsi que l’élaboration de cadres d’engagements à tous les niveaux de gouvernance, comme le démontre la déclaration d’Edimbourg. Elle appelle en effet les gouvernements infranationaux, les villes et autorités locales à reconnaître leur « rôle essentiel » pour préserver et restaurer la biodiversité, et notamment pour jouer un rôle plus important dans la mise en œuvre du Cadre mondial de la biodiversité pour l’après-2020.
L’association Villes de France invite les villes françaises et leurs intercommunalités à signer la Déclaration d’Edimbourg, pour démontrer leur engagement en faveur de la biodiversité au niveau international et demander aux Etats parties de la Convention sur la diversité biologique d’intensifier les ambitions et les actions à l’échelle infranationale, municipale et locale dans le futur cadre d’objectifs pour la biodiversité.
Les signataires s’engagent à continuer à soutenir la vision de 2050 consistant à « vivre en harmonie avec la nature », en reconnaissant notamment que le rôle des gouvernements infranationaux « va au-delà de la mise en place de conditions favorables » et « qu’une approche de gouvernance verticalement intégrée et transversale » permettrait de renforcer leurs efforts. En outre, ils soulignent l’importance de leur rôle dans la mobilisation des ressources pour la mise en œuvre et l’intégration des actions en faveur de la biodiversité, et notamment « la nécessité de déployer des efforts immédiats et accrus pour mobiliser des ressources financières ».
Pour aller plus loin :
>> Lire la Déclaration d’Edimbourg sur le site de l’Association Villes de France (français) ou sur le site du gouvernement écossais (anglais)
>> Pour en savoir plus sur l’état actuel et les tendances futures relatives à la biodiversité, lire la 5ème édition des Perspectives mondiales de la biodiversité biologique (2020) élaborée par la Convention sur la diversité biologique. Télécharger la synthèse (20p) ou le rapport complet (212p)
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