
Démolition de bâtiment
Le renouvellement du cadre bâti impose çà et là des déconstructions, avec ou sans reconstruction. Des solutions existent pour protéger les espèces inféodées au bâti lors de ces chantiers, comme la loi y oblige.
Démolition de bâtiment
La destruction d’un bâtiment est toujours synonyme de destruction d’habitat pour les humains, mais parfois aussi pour les animaux qui y vivent. La loi impose la protection des espèces inféodées au bâti comme les martinets noirs, les hirondelles de fenêtre, les moineaux domestiques ou les chauves-souris lors de ces chantiers (article L.411-1 et suivants du code de l’environnement).
Les règles générales à suivre par les architectes pour prendre en compte la biodiversité dans les projets sont présentées dans une fiche technique publiée conjointement avec la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO). Cette fiche fait partie d’un guide présentant :
Mais il existe aussi des solutions destinées à la démolition plus spécifiquement. L’ANRU a pu en mettre en place sur le site pilote de Liévin, près de Lens dans le Pas-de-Calais, où un programme de renouvellement urbain a conduit à la démolition de 8 résidences.
Une étude du site a constaté la présence de dizaines de nids d’hirondelles de fenêtre, de quelques nichoirs de martinets noirs et de moineaux domestiques. Les mesures d’évitement des dommages ou de réduction étant limitées dans le cadre d’une démolition, le bailleur a fait appel à la LPO locale pour l’assister dans le développement de mesures de compensation.
Elles ont conduit à :
Pour la destruction des nids, le bailleur l’a compensée avec l’installation de 3 tours à hirondelles de fenêtre, chacune avec 32 nids artificiels et des emplacements pour création naturelle de nids. Sur les bâtiments proches qui lui appartenaient, il a installé des nids artificiels pour hirondelles, et des nichoirs pour martinets et moineaux.
En plus de l’aménagement de nids prêts à être colonisés, il s’agit aussi de créer un écosystème favorable. Là, le bailleur a installé une repasse simulant le chant des hirondelles pour les attirer vers les tours, des bacs à boue fournissant aux oiseaux le matériau pour construire leurs propres nids, ainsi que des prairies fleuries sur site pour fournir de la nourriture.
Bien que compenser des dommages soit important, il s’agit d’éviter d’en causer autant que possible avant toute chose, et de réduire ceux qui peuvent l’être. Une mesure de réduction qui requiert une attention particulière est le phasage des travaux pour les adapter aux périodes de nidification des oiseaux. Démolir pendant leur période de reproduction détruirait les nids ainsi que deux générations d’oiseaux, d’un coup de pelleteuse.
À Liévin, l’ANRU a installé une partie des mesures de compensation présentées plus tôt avant le 31 mars 2025 pour qu’elles soient déjà prêtes lors de l’arrivée des hirondelles (qui sont des oiseaux migrateurs, généralement présents d’avril à septembre). Dans le même temps, les nids présents sur les bâtiments à démolir ont été détruits, et des filets de protection ont été installés pour empêcher les oiseaux de revenir construire leurs nids sur ces résidences. La démolition des immeubles peut donc n’être associée qu’à la destruction d’habitats, mais pas d’individus. Elle peut commencer après le 31 mars.
Enfin, le succès des mesures mises en œuvre passe aussi par leur accompagnement. La sensibilisation des habitants du quartier et du maître d’ouvrage, par de la communication ou des réunions, permet d’éviter les dégradations de nids et d’encourager des habitudes de cohabitation.
L’accompagnement des mesures se concrétise aussi par le suivi du chantier par un diagnostiqueur, avec des visites de site aux moments clés, puis pendant quelques années après la fin du chantier pour constater l’efficacité ou non des mesures. À Liévin, le suivi se concrétise par 3 visites par an pendant 5 ans.
La réussite des mesures déployées est essentielle, car la loi donne au maître d’ouvrage une obligation de résultat. Un accompagnement de qualité est donc dans l’intérêt de tous, animaux et maître d’ouvrage inclus. L’accompagnement par un AMO biodiversité est utile à tout type de chantier.
ARCHITECTE ou société d’architecture
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