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- Rapport du GIEC : un constat sombre, mais aussi de...
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a publié lundi 20 mars son sixième rapport de synthèse. Il reprend les enseignements des rapports spéciaux et des rapports d’évaluation publiés depuis 2015 sur : les bases physiques du changement climatique pour comprendre les phénomènes à l’œuvre ; les impacts, l’adaptation et la vulnérabilité des sociétés humaines et des écosystèmes ; et l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre.
Ce « résumé pour décideurs » condense en une trentaine de pages l’état des connaissances mondiales sur le changement climatique et ses conséquences. C’est la synthèse la plus aboutie sur le climat aujourd’hui, elle a été approuvée par les représentants des 192 pays membres de l’ONU.
Dans son préambule, le GIEC affirme qu’ « il y a de multiples options disponibles et efficaces pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et permettre d’adapter [le monde] au changement climatique causé par les humains [… et que] les bénéfices des politiques pour limiter la hausse des températures compensent largement les coûts », afin de pousser les décideurs à s’engager davantage dans des systèmes et des investissements plus vertueux pour l’environnement.
Le constat du GIEC est sans équivoque : les activités humaines, et en particulier les émissions de gaz à effet de serre (essentiellement dues aux énergies fossiles, c’est-à-dire le gaz, le pétrole et le charbon), ont indéniablement fait augmenter la température à la surface du globe de 1,1°C (+1,7°C en France) sur la période 2011-2020, par rapport à l’ère préindustrielle.
Ces émissions sont encore en hausse et proviennent essentiellement d’usages non soutenables de l’énergie, de l’utilisation des terres et du changement d’affectation des sols, des modes de vie, des modes de production et de consommation.
Le réchauffement a déjà des conséquences importantes et inéquitables. Les événements climatiques extrêmes sont plus intenses et fréquents, et ils touchent de plein fouet les populations vulnérables, qui ont les contributions historiques au problème les plus faibles. En effet, le GIEC souligne que même si l’adaptation au changement climatique progresse partout dans le monde, c’est une entreprise coûteuse, qui peut rester hors de portée pour les plus pauvres lorsqu’ils ne sont pas soutenus.
Les pays les plus riches, c’est-à-dire les plus gros contributeurs historiques à la dégradation des conditions d’habitabilité de la terre, sont les mieux adaptés. Les financements actuellement accordés à l’adaptation ne permettent pas à tous de faire face aux risques croissants, ni aux pertes et dommages.
Le président du GIEC, Hoesung Lee, indique que « les finances sont l’un des principaux leviers. Au fond, le message s’adresse autant aux gouvernements qu’au système financier, qui doit évoluer pour répondre à l’enjeu climatique. Dans ce contexte, les investissements dans le domaine du changement climatique et de l’adaptation doivent être multipliés entre trois et six fois, au moins ».
Sur le plan de l’atténuation des émissions, le constat est inquiétant. Les politiques en place nous conduisent vers un réchauffement de 3,2°C environ d’ici à 2100. Une action drastiquement plus profonde, rapide et soutenue s’impose si nous souhaitons éviter cette trajectoire catastrophique : « La fenêtre d’opportunité se referme rapidement pour assurer un avenir vivable et durable pour tous ».
ImageFigure 1: limiter le réchauffement à 1,5°C ou 2°C implique une réduction des émissions de gaz à effet de serre rapide, profonde et, dans la plupart des cas, immédiate.
L’un des messages clés du rapport est que chaque incrément de réchauffement intensifie les risques et impacts. Cela signifie aussi que chaque incrément d’effort est opportun, nous n’avons pas affaire à une situation binaire entre « réchauffement catastrophique » et « réchauffement évité ».
L’évolution des risques n’est pas linéaire. Pour chaque fraction de degré supplémentaire, les changements du climat sont plus généralisés et plus prononcés. Les risques climatiques sont renforcés, ainsi que leurs interactions entre eux et avec les autres risques (économiques, sanitaires, etc.), avec des impacts en cascade difficiles à prévoir et à gérer. Par ailleurs, chaque incrément de réchauffement augmente la probabilité que des seuils aux conséquences irréversibles soient dépassés. Certains seuils ont d’ores et déjà été franchis, leurs effets sont désormais inarrêtables.
Face à ces risques, de nombreuses solutions d’adaptation sont à notre disposition. La maladaptation est un écueil, mais il peut être évité par « une planification flexible, transversale, inclusive et de long terme ». Cependant chaque incrément de réchauffement rend ces solutions moins efficaces ou plus difficiles à mettre en œuvre. Pour l’adaptation des villes, les îlots de fraicheur et la végétalisation sont des solutions pertinentes, alors que la climatisation, davantage accessible aux plus aisés, renforce les inégalités et contribue au réchauffement en consommant beaucoup d’énergie.
Au-delà du constat, le GIEC insiste sur le fait qu’un monde résilient, durable et juste est encore possible. Si nous parvenons à réduire collectivement nos émissions nettes de CO2 à zéro d’ici à 2050, et que nous agissons de façon rapide, profonde et immédiate, nous pouvons limiter le réchauffement à 1,5°C.
Aux yeux du président du GIEC Hoesung Lee, « ce rapport peut se résumer en un message d’espoir. […] Nous avons les connaissances, les technologies et les outils nécessaires pour résoudre le problème ». Notre succès dépendra de notre capacité à agir de façon coordonnée, dans tous les secteurs et à tous les niveaux simultanément.
Les architectes et les professionnels du bâtiment et de l’aménagement jouent un rôle critique dans la transition. Le GIEC émet plusieurs recommandations sur ce volet :
Bien que certaines de ces actions soient faciles à mettre en place et ne représentent aucun coût supplémentaire, ce n’est pas le cas de toutes et des investissements importants et à court terme restent nécessaires. Dans la mise en œuvre de ces politiques, mettre l’accent sur l’équité, sur la justice sociale et climatique, et sur l’inclusion permet de poursuivre des actions plus ambitieuses. Le rapport indique aussi que l’action politique est d’autant plus efficace qu’elle permet l’accès aux financements et technologies.
Parmi les pistes proposées, toutes n’ont pas le même potentiel. Par exemple l’électrification et le développement des énergies bas-carbone est extrêmement important : les énergies fossiles représentent aujourd’hui 79% des émissions de GES, et les énergies renouvelables sont de moins en moins chères. Les coûts du solaire et de l’éolien ont respectivement baissé de 85% et 55% entre 2010 et 2019. La sobriété, c’est-à-dire la réduction de la demande, est un autre levier essentiel, puisqu’il pourrait réduire les émissions de 40 à 70% d’ici à 2050 avec une forte réduction de la demande.
Notre potentiel d’action, indique le GIEC, est d’autant plus important qu’il ne se limite pas au cadre professionnel. A l’échelle individuelle, réduire notre utilisation de la voiture thermique, notre consommation de viande rouge ou encore réduire la température de chauffage sont des solutions extrêmement efficaces (et à coût négatif) pour réduire les émissions. A l’échelle collective, l’engagement associatif ou politique permet d’accélérer l’action des pouvoirs publics et le déploiement des politiques de transition. Les synergies entre les différents niveaux et secteurs sont essentielles à une transition réussie.
>> Pour en savoir plus : Lire le "Résumé pour décideurs" du Rapport de synthèse du 6ème rapport d'évaluation du GIEC (anglais)
ARCHITECTE ou société d’architecture
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Commentaires
C'est marrant de lire ces
C'est marrant de lire ces lignes quand on se rappelle qu'il y a peu l'Ordre a écrit une lettre ouverte insensée au Président de la République l'appelant à empêcher des millions de français d'avoir recours aux énergies renouvelables.
Grand écart bien douloureux.